dimanche 31 août 2008

Nul et non avenu

On ne sait s'il faut ou non s'en réjouir. Adaptée de la célèbre bande déviante de Steve Dillon et Garth Ennis (comme si ce dernier avait déjà fait autre chose que du déviant), la série t.v. PREACHER qui s'apprétait, selon ses concepteurs, à exploser toute limite en matière de violence audiovisuelle, vient d'être, purement et simplement, annulée de manière toute officielle par ses décisionnaires.

Surprenant dans la mesure où ces derniers ne sont autres que les têtes pensantes d'HBO : meilleure chaîne du monde qui a, ces dernières années, rien moins que révolutionné le monde de la petite lucarne en produisant des choses comme OZ, SIX FEET UNDER, LES SOPRANOS, ROME ou SUR ECOUTE... Soit les meilleures séries jamais créées et qui en connaissent pourtant chacune un rayon dans le genre "non politiquement correct".

Il faut pourtant croire que le matériau d'origine était encore bien trop corsé pour passer l'épreuve de l'adaptation (ce qui n'étonnera guère ceux qui ont jeté ne serait-ce qu'un oeil sur n'importe laquelle des pages en question) et que les deux ans (!) de développement n'auront pas permis de trouver une solution permettant de donner corps aux délires d'Ennis de façon acceptable...

Mais le tout pourrait n'être qu'un mal pour un bien dans la mesure où l'homme chargé de l'ensemble n'était autre que ce dangereux fossoyeur de Mark Steven Johnson, déjà responsable des redoutables DAREDEVIL et GHOST RIDER (soit deux des plus inregardables produits tirés de comics existant) et qu'on n'ose imaginer aux manettes d'un tel projet sans frémir à l'idée de ce qu'il aurait fait subir à l'univers d'Ennis.
D'autant que l'annulation de la série relance, du coup, les rumeurs d'une adaptation pour le grand écran. Laquelle promettrait du jamais vu, sans dès lors nullement s'embarasser des contraintes relatives à toute diffusion hertzienne...

On rappelle qu'il y a quelques années, un projet impliquant Michael Maden (RESERVOIR DOGS) dans le rôle-titre avait été initié sans dépasser le stade des bonnes intentions.
C'est que, tout en attendant l'ensemble avec curiosité, on souhaite également le plus grand courage à qui s'attaquera aux oeuvres du gars Garth : sachant qu'une fidèle retranscription de n'importe lequel de ses scripts se verrait interdit aux moins de 40 ans dans, à peu près, tous les pays du globe.
Enjoy !

vendredi 29 août 2008

Vincent et Stéphane sont nos amis

Mais on dirait bien que c'est la rentrée, dites-moi. Les vacanciers reviennent peupler les rues de la capitale, les concerts reprennent bientôt et même le blog retrouve un semblant d'activité - comme quoi, tout est possible.

L'occasion de porter un regard nostalgique sur ces dernières semaines qui, outre une pléiade de films plus ou moins pertinents tirés de nos bédés préférées (on en recause bientôt) et des J.O. qui nous ont fait veiller fort tard plus que de raison, auront révélé à la face d'un monde qui ne les connaissait pas encore le génie de Vincent Patar et Stéphane Aubier.

Belge de son état, créateur des mythiques Pic-Pic, André et leurs amis, le duo écume depuis plusieurs années les festivals d'animation dans lesquels ses court-métrages récoltent invariablement les meilleurs prix. Sans pour autant parvenir à se faire connaître du grand public.

Offense désormais réparée puisqu'un inconscient (qu'on ne saura jamais assez remercier) les a engagé à "L'express" pour, l'été durant, animer une rubrique où leur humour au 47ème degré est régulièrement venu dynamiter les pages de l'hebdo en s'immisçant entre deux essentiels débats de société et trois profondes analyses politiques.
Pour ceux qui auraient loupé le tout, direction ici même : http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/culture/pic-pic-andre-investissent-lexpress-fr_521266.html , histoire de se faire une cure de bonne humeur avant de reprendre le chemin de la mine.
Ceux qui ne rient pas devant la page sur Rod Stewart ne sont tout simplement pas humains...

jeudi 28 août 2008

Valse avec bachir

Mais que fait le capitaine stupide, notre fidèle chroniqueur de la bande des cinés!!! pas un mot sur l'adaptation en BD du meilleur film d'animation 2008 par Casterman. Encore au mykonos!?

La sortie est prévue pour janvier 2009 en parallèle de celle du DVD. Hum ça sent bon les pépettes!
Par chance le dessin sera supervisé par le directeur d'animation du film Yoni Goodman.
J'espère qu'on retrouvera le graphisme qui était vraiment bluffant : alternance entre les entretiens avec d’anciens soldats, des images rapides, comme des flashs, et des ralentis prenants, nous laissant le temps de se plonger dans le vécu de ces jeunes soldats. Pas moins de 2300 dessins ont été utilisés pour le story board qui par la suite ont servi à l'animation. Fin mélange d'animation flash, d'animation classique et de 3D.
Donc RDV en 2009, en attendant jetez un coup d'oeil sur le site officiel du film ici.



STRASBULLES 2008

A l'initiative d'Alsace Bande Dessiné est né le projet d'organiser un festival à Strasbourg, STRASBULLES 2008, dont l'ambition clairement affichée est de devenir un grand rendez-vous incontournable de la Bande Dessinée! en Alsace on a le sens de la modestie, non?
Donc du 1 au 25 septembre un beau programme vous attends : expositions, rencontres, conférences et dédicaces bien sûr...Seront présents entre autres Fmurrr et Ptiluc pour les anciens, Vanoli et José-Louis Bocquet (Kiki de Monptarnasse) pour les expérimentés, et, pour les jeunes loups Boulet, Ruppert et Benjamin Adam.
A ne pas rater le laboratoire de la micro-édition avec l'édition du « Fanzine du Laboratoire » (impression et reliure sur place) pendant tout le Festival avec participation de tous les auteurs présents (interviews, dessins). Arrêtez-vous également sur le stand des micro-éditeurs (Institut Pacôme, Troglodyte...des excellents collectifs strasbourgeois), c'est toujours sympa de discuter avec eux. Et enfin un comptoir des indépendants sera proposé par les librairies USAGE DU MONDE, TOTEM, PARENTHESES, LIBR’AIR.

Pour plus d'infos un p'tit coup mulot par là STRASBULLES 2008.






lundi 25 août 2008

THE DARK KNIGHT (2008)

Et voici enfin surgir le DARK KNIGHT, depuis des mois fantasmé, que les à-côtés extra-cinématographiques (tournage cahotique à Hong-Kong, décès d'Heath Ledger, légendaires recettes au box-office américain) ont presque détourné de l'essentiel : le film lui-même, annoncé par la rumeur bruissante, mine de rien et depuis quelques temps, comme sommet de ce genre si particulier que constitue le film de super-héros.

Quoique, à bien constater... De film de super-héros, il n'est, à la limite, même plus question. Sauf si la définition englobe ce que la catégorie a intégré depuis les oeuvres de Miller ou Moore qui, ayant extrait le genre du divertissement pour ados, l'ont, pour toujours, installé au sein d’un réalisme jamais vu jusqu'alors : lui faisant prendre en compte le monde qui l'entoure et la société dans lequelle il évolue, loin des atermoiements autistiques de la majorité de la production. Soit ce qu’on attend de toute oeuvre d’art qui se respecte.

Trois ans après BATMAN BEGINS, ce qui en effet, d’entrée, frappe ici est la nette rupture stylistique entre le présent produit et son prédécesseur. Là où le premier volet (refonte réussie de l’univers du chevalier noir afin de relancer une franchise laissée moribonde par les délires campy de Joël Schumacher) irriguait ses plans d’une certaine tonalité comics, le parti-pris réaliste de la séquelle oriente délibérément celle-ci vers le polar hardcore plus que l’adaptation de bédé proprement dite. Les modèles avoués n'étant désormais plus tant les précédentes tentatives de retranscriptions de personnages tel qu’ils existent sur papier que le film noir le plus pur. Ou comment sortir le tout de l'univers "fantasy" pour le faire entrer dans la vraie vie.

C’est la direction, couillue ô combien, adoptée par Nolan : une étonnante radicalité qui fait le prix et la singularité de ce nouvel opus, étrange objet contre-nature - presque mutant, qui ne ressemble du coup, en rien, à aucune autre adaptation l'ayant précédé. Y sont plutôt évoqués Michael Mann (référence presque avouée par la séchéresse du ton et l'hommage à HEAT en séquence d’ouverture) ou surtout, de manière plus surprenante (ou pas tant que ça, en fait) les films noirs (au sens large du terme) des années 70.

Y naviguent les mêmes ambiances d’angoisse urbaine, froideur et paranoïa qui instaurent une noirceur propre à délibérément faire dériver le tout vers des contrées jusqu'alors inconnues du genre. Et permettent à Nolan d'installer des thématiques inédites à ce niveau. On parle ici de légitimité de mission, de vengeance, de schizophrénie, de terrorisme, de responsabilité, de rapport au citoyen... Tous ces grands Thèmes que le cinéaste parvient à amener sur scène sans que jamais ne soit pour autant remise en cause la fonction première du film, blockbuster estival avant tout. Exactement comme les films commerciaux "nobles" des années 70 (on pense à Sydney Pollack ou Don Siegel) qui se permettaient de poser des enjeux tout en assumant leur nature de pur divertissement.

Le jusqu'au-boutisme des auteurs installe DARK KNIGHT comme véritable reflet de son époque : d’un sombre presque perturbant pour un tel produit grand public, d’une densité narrative à la limite de l'étouffant, qui accumule sans faillir les péripéties jusqu’à risquer de perdre en route le spectateur (même si on soupçonne, en l'état, la version de trois heures originellement désirée par le metteur en scène de légitimement rendre justice à un rythme en l’état trop précipité et qui menace de rompre à tout instant. A vérifier sur une future édition Dvd ?). Danger que le réalisateur assume pleinement, dans son parti-pris de débatte des sujets qu'il souhaite voir traités sans forcément apporter de réponses, de laisser irrésolu le combat intérieur de ses protagonnistes, de refuser la facilité narrative et bannir tout happy-end...

Dommage que le pari ne soit pas totalement tenu, l'ensemble accusant un net fléchissement aux deux tiers du parcours. Peut-être en partie parce que le studio a mis son nez dans l'histoire. Certainement parce que Nolan reste Nolan : artiste plus doué pour la théorie que la pratique, prenant en main des sujets prometteurs auxquels il peine à donner l'ampleur qu'on pourrait en attendre. Si la noirceur et l'état des lieux psy qu'il infuse au dyptique BATMAN assurent à celui-ci une maturité inédite, il ne se départit pas non plus des défauts observés dans les autres oeuvres du cinéaste : une certaine distance, un manque de chaleur, une frigidité presque qui en font des objets d'admiration plus que de réelle passion, plus intéressants à analyser que foncièrement vivants. Qui, aussi pertinants soient-ils, manquent toujours un peu de folie, de démesure, de vie en somme...

Ce n’est évidemment pas pour rien que les moments les plus forts du film concernent les apparitions du Joker, agent du chaos, qui, presque seul, vient déranger le tout et mettre un peu de piment dans un ensemble un poil trop sage. Grâce soit rendue à Heath Ledger d’avoir saisi l’essence moite et morbide d’un personnage qui bouffe chaque plan dans lequel il apparait et laisse le film un peu orphelin dès lors qu’il n’est plus à l’image. On peut regretter qu’il n’ait pas plus contaminé de sa présence anxiogène un ensemble dès lors un poil trop poli.

Pas de quoi gâcher la fête non plus. Par son traitement délibérément adulte, son faux-rythme à rebours du blockbuster d’action lambda et sa noirceur assumée, ce DARK KNIGHT constitue peut-être ce que les adaptations de comics ont offert de mieux. Rendant justice à la vision hardcore d'un Miller enfin retranscrite de façon fidèle. L'ensemble permet au Caped Crusader d’y apparaître tel qu’on a toujours révé de le voir sur grand écran, devenant ce qu'il aurait toujours du être : une sorte de relecture geek du DIRTY HARRY de Siegel avec un Christian Bale en costume de carnaval en lieu et place de la figure mormoréenne d’Eastwood.

Et si Nolan n’a pas (encore) réalisé le grand film coriace et ambigu sur lequel on fantasme, disons qu’il s’en est, en l’état, approché plus que jamais personne avant lui. Et qu'il est tout à fait permis de se demander dans quelle direction il va désormais emmener son héros. C’est dire si on est curieux de découvrir ce que réserve la suite de ses aventures...