mercredi 15 mai 2013

Same player, shoot again !




Garth Ennis a hissé la série du Punisher a un si haut niveau que le titre a rapidement sombré dans le n’importe quoi une fois qu’il l’a laissée en d’autres mains.
Les suiveurs tentant d’en vain retrouver le mélange si particulier (propre à l'auteur) d’humour très noir et d’ultra violence en finissant par patauger dans le gore le plus racoleur…
 
Qu’à cela ne tienne, Marvel a orchestré le reboot (pour une fois pas inutile) du personnage en lui offrant, pour son come-back, une équipe de ligue 1 avec rien moins que l’habitué Steve Dillon (Preacher, Punisher, déjà) aux dessins et Jason Aaron (le créateur de Scalped) au scénario.
Choix tout sauf innocent puisque cette nouvelle mouture s’annonce (pour l’instant) ancrée dans le réalisme avec un ton qui s’oriente délibérément vers celui du polar hard-boiled.
 
L’intrigue (qui compte les origines de Wilson Fisk avant qu’il ne devienne le Caïd) prenant d’ailleurs pour base, comme un aveu d’intention on ne peut plus clair, une partie de celle de Usual Suspects (Bryan Singer, 1995).
Sans doute histoire de replacer ce cher Frank Castle dans un environnement moins cartoonesque que ses dernières virées…
 
Résultat ? Une entrée en matière efficace, qui retrouve (en moins excessif) une partie du ton d’Ennis.
Le récit simple et percutant effectue le job en remettant sur les rails une série qu’on a pu croire perdue dans ses outrances.
Et annonce (si sont tenues les promesses ici entrevues), quelque chose de potentiellement lourd à venir...
 
 
 
Punisher Max, tome 1 : le Caïd de Jason Aaron (scénario) et Steve Dillon (dessins) - Panini France
 

samedi 11 mai 2013

Apocalypse now




Il fut un temps, pas si lointain, où Mark Millar n’était pas le poids lourd de l’industrie qu’il est devenu : se contentant (si on peut dire) de publier de malins récits qui ne se croyaient alors pas obligés d’à tout prix verser dans l’excessif.
 
Témoin cet Elu, écrit juste après son chef-d’œuvre Red Son et qui suit la singulière trajectoire de Jodie Christianson (clin d’œil), ado tout ce qu’il y a de plus normal d’une ennuyeuse bourgade.
Du moins jusqu’à ce qu’il sorte miraculeusement indemne d’un terrible accident et que débute une étrange épopée qui pourrait faire de lui rien moins que le Christ réincarné…
 
Avec Millar aux commandes, on se doute que le chemin de croix sera tout sauf tranquille.
De fait, le titre, iconoclaste et provoc, s’impose (en pas plus de soixante-dix pages !) comme une petite bande fort sympathique dont la noirceur ambigüe et la (relative) sobriété s’avèrent, en définitive, bien plus efficaces que les outrances dont l’auteur se rendra plus tard régulièrement coupable…
 
L'élu de Mark Millar (scénario) et Peter Gross (dessin) - Bamboo Editions
 

vendredi 3 mai 2013

L'homme à la tête de Chu




Marre des super-héros, mutants ou vilains à la douteuse psyché souhaitant dominer le monde ? Tony Chu vient à votre rescousse.
 
Si le héros inventé par John Layman est bien détective, il s’agit du premier de son espèce dans le neuvième art puisqu’agissant en tant qu’enquêteur cibopathe.
A savoir qu’il possède un sixième sens lui permettant de tout savoir de quelque chose simplement en le goûtant (cadavre plus ou moins frais y compris).
 
Bien pratique dans une ville où se déroulent d’odieux trafics en tous genres depuis que le poulet a été déclaré aliment prohibé par le gouvernement.
Ajoutez à cela d’étranges signes extra-terrestres qui apparaissent dans le ciel, un complot impliquant des vampires et un adjoint à moitié cyborg depuis qu’il s’est fait refaire le portrait à coups de hachette et on ne pourra, certes, accuser le titre de piocher dans le déjà-vu.
 
Mix de polar déjanté et de fantastique délirant, agrémentée d’une non négligeable dose de gore lui-même saupoudré d’un humour corrosif comme il faut, c’est peu dire que la série ne ressemble à rien de connu.
A l’image du dessin cartoonesque de Rob Guillory qui peut laisser croire à d’inoffensives histoires avant d’happer le lecteur imprudent.
 
Car essayer ce Chu, c'est en devenir accro !
 
 
 
Tony Chu, détective cannibale de John Layman (scénario) et Rob Guillory (dessins) - Editions Delcourt (cinq volumes parus - série en cours)
 

mercredi 1 mai 2013

Extrême Ellis





Profitons de la récente sortie d’Iron Man 3 pour revenir sur l’ouvrage qui l’a en grande partie inspiré : cet Extremis scénarisé par Warren Ellis et mis en images par Adi Granov.
 
Conçu en 2006 et servant alors de reboot à la série, l’ouvrage propose, en un même élan : un premier numéro tout à fait digne (dans lequel les origines sont habilement fondues au cours de l’histoire), une synthèse des thèmes développés autour du personnage depuis sa création et un pur récit de Warren Ellis.
Ce dernier parvenant à caser ses éternelles obsessions sur la mutation de l’humain, son rapport à la science et la nature et l’éthique qui en découle…
 
Il est, dans sa tâche, largement épaulé par Adi Granov dont le magnifique dessin photo-réaliste s’apparente par instants à une suite de tableaux.
Et qui rend compte à la perfection la froide violence de l’ensemble.
 
Un numéro qui aura tant de répercussion qu’il engendrera, en quelque sorte, la résurrection de l’homme de fer.
Avec la reprise de la série (Iron Man : Programme exécution suivra peu après avec une autre équipe aux commande), le mythique arc Civil War puis la mise en chantier du premier film réalisé par Jon Favreau en 2008 – et sur lequel avait bossé comme conseiller artistique un certain… Adi Granov.
 
Rien de plus logique, en somme…