samedi 4 août 2012

Qui plie mais ne rompt pas




Auteur atypique délibérément à l’écart des modes, Taiyou Matsumoto, depuis des années, enchaîne dans son coin les œuvres à part (Amer béton, Number 5, Ping-pong, Gogo monster) qui lui valent d’aujourd’hui occuper une place toute particulière dans l’univers des mangas.

Son dernier titre ne réservera guère de surprises à l’admirateur dans la mesure où il reconnaîtra tout ce qui fait le talent du maître : son trait expressionniste, son refus du manichéisme, son inimitable ton qui parvient à mêler gags visuels et ultra-violence en une sarabande à la parfaite fluidité…

La présente histoire (les pérégrinations, durant l’ère d’Edo, d’un étrange ronin à la troublante innocence qui a décidé de renoncer à la violence et ainsi troquer son sabre contre un bout de bambou) allant peut-être plus loin encore que sa précédente série (l’envoutante Number 5) en terme de contemplatif.

Ce qui intéresse l’auteur, on le ressent rapidement, étant ces régulières digressions oniriques durant lesquels les animaux s'expriment et les protagonistes dissertent sur la vie - quand ils ne sont visités par les âmes de leurs armes, la nuit venue…

En découle un récit décalé : brutal mais apaisé, qui donne à contempler la beauté de l’existence avec le léger recul ironique qui en fait tout le prix.

Car Matsumoto est avant tout un poète : et en bédé comme ailleurs (peut-être plus qu’ailleurs), la chose est suffisamment rare pour être signalée…



Le samouraï bambou de Taiyou Matsumoto - Editions Kana



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