dimanche 20 janvier 2008

30 JOURS DE NUIT

2008 démarre bien ! Après douze derniers mois plutôt tristounets en matière d'adaptations, voici que débarque la version sur grand écran du comics de Steve Niles et Ben Templesmith et que celle-ci se range dans la catégorie des plutôt bonnes surprises ou, du moins, honnêtes transpositions qui ne font pas plus honte au septième art qu'au neuvième.

Là où la majorité des produits ciné ne se préoccupent, en effet, du titre de départ que pour mieux le trahir dès qu'ils en ont l'occasion, 30 JOURS DE NUIT s'impose comme un modèle de respect envers la bédé dont il s'inspire. Les concepteurs du film étant, en fait, restés fidèles à l'oeuvre d'origine jusque dans ses défauts. Dans la mesure où le principal reste celui qui parcourait les pages du comics : une idée de départ frôlant le génie (une horde de vampires investit un village de l'Alaska lors d'une période d'équinoxe qui voit le soleil ne pas se lever durant un mois) mais qui reste malheureusement sous-exploitée au profit de situations efficaces mais convenues. Avec pour résultat un produit de série, certes soigné bien que guère différent des centaines qui l'ont précédé dans le genre.

Ce qui apparaissait comme une lacune à la lecture ne se révèle pourtant guère génant à l'écran tant l'ambiance du récit s'y trouve fidèlement rendue, l'équipe ayant visiblement pris un pied monumental à mettre en place l'univers macabre et joyeusement gore du tandem Niles/Templesmith. Donc, pas de débilitant second degré, punchlines foireuses ou personnages (trop) niais : le ton délibérément noir du début sera, coûte que coûte, jusqu'au bout conservé, tout à sa mission (remplie au-delà du raisonnable tant l'ensemble parvient à rendre compte du climat de charnier souhaitée par ses géniteurs) de livrer un film d'horreur sérieux, aussi sincère dans sa démarche que ses intentions initiales.

Par comparaison, il réussit là où, dans un registre similaire, échouait le récent JE SUIS UNE LEGENDE et ses monstres numériques de pacotille. Ceux du présent film font, eux, vraiment peur. En ce sens fidèles aux déclarations de Slade qui avait promis de prendre le contre-pied de l'imagerie gothico-romantique charriée par la saga d'ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE. Loin des vampires d'Anne Rice (le plus souvent occupés à débattre de leur condition lors d'interminables digressions philosophico-pouêt-pouêt), ceux de 30 JOURS DE NUIT ressemblent à des squales affamés, prédateurs sans pitié dont l'unique fonction se résume à bouffer, si possible salement, de l'humain apeuré. Le réalisateur parvenant à parfaitement communiquer la sensation de danger ressentie par les protagonnistes, simples victimes en souffrance d'une entité qui les précède sur la chaîne alimentaire.

Alors, on a bien sûr droit à une hasardeuse gestion du temps (notamment la fâcheuse impression que le tout dure deux ou trois jours plutôt que les trente annoncés), à un dangereux fléchissement du tempo à mi-parcours, à d'inévitables clichés parmi les figures des protagonnistes et situations subies par le groupe de survivants.

Mais rien de suffisament grave pour faire dévier le tout des ornières du bon produit de trouille qu'il aspire à être. Principalement grâce à la patte de David Slade qui imprime le film de son style reconnaissable (alors que ce n'est pourtant que son deuxième long-métrage) et parvient à lui conférer cette ambiance si particulière : à base d'une sèche violence, d'images d'une netteté troublante, de couleurs légèrement désaturées - comme une réalité dilatée perçue à travers le prisme d'un cauchemar trop réél. Soit l'exacte façon de rendre compte de l'atmosphère horrifique du comics.

Au final, une chouette série B qui ne pète pas plus haut que son derrière et réussit le pari de se montrer distrayante et en tous points fidèle au genre qu'elle illustre (quelque part entre la série des BLADE et le NEAR DARK de Kathryn Bigelow).
Même qu'on prendrait, dans la foulée, volontiers un peu de rab. Ce qui tombe très bien, vu que le tome 2 vient justement de sortir en librairie...

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