jeudi 19 février 2009

La ligne Clerc

Dispo dans toute bonne librairie depuis l'an dernier, "Le journal" de Serge Clerc retrace, comme si on y était, l'aventure "Métal Hurlant", de ses débuts cahotiques à son inévitable fin programmée - un peu à la manière de ce qu'avait accompli Florence Cestac dans sa "Véritable histoire de Futuropolis".

L'ouvrage se posant ici comme parfait complément du "Métal Hurlant : la machine à rêver", somme de Gilles Poussin et Christian Marronier (indispensable pour qui tient à vivre une tranche d'Histoire en quasi-direct) qui faisait intervenir, à l'aide de passionnants entretiens croisés, tous les protagonnistes du dossier.

Contemporain du mag qu'il avait rejoint peu de temps après sa création, l'auteur relate les faits à la manière d'une émission de télé-réalité plus vraie que nature.
Dans laquelle se suit, en un haletant feuilleton, la difficile gestion du journal au quotidien.
Entre conflictuelles relations entre auteurs, direction et éditeurs, (petits) drames, haletants coups de théatre et moments de transcendance...

Le tout traversé par d'aussi prestigieuses guest-stars que Moebius, Druillet, Chaland et on en passe...
Les deux véritables stars de la production restant Philippe Manoeuvre (dit Phil Man) dans le rôle du journaliste d'investigation chien fou.
Ainsi que, bien entendu, l'inénarrable rédac-chef Jean-Pierre Dionnet, figure "bigger than life" dont la flamboyance se révèle plus fascinante que celle de n'importe quel personnage de fiction.
L'âme véritable de l'ensemble, qui incarne à lui seul l'esprit d'une époque qui révéla toute une génération d'extraordinaires talents et dont les effets se font ressentir encore de nos jours.

Et si le trait de Clerc (brouillon, dynamique et fourmillant de mille et un détails) peut de prime abord rebuter (et/ou au bout d'un moment lasser), il restitue également à merveille cette impression de bouillonnement créatif, d'énergie, de perpétuelle course en avant qui habitèrent ces hommes investis d'une mission et la perpétuèrent le temps de quelques glorieux étés - quitte à finir dans le mur.
Non sans avoir laissé une oeuvre qui parle en leur nom.

Contagieuse passion dont on chercherait, en vain, l'équivalent aujourd'hui. Triste époque...

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