A juste titre considéré comme l'un des meilleurs scénaristes en activité, l'anglais Warren Ellis (qui a signé d'innombrables joyaux ayant pour titres "Transmetropolitan", "Fell", "The Authority", "Desolation Jones" et tant d'autres), a, comme quelques collègues avant lui (on pense bien évidemment à son compatriote Alan Moore), franchi le grand écart qui le sépare de la littérature et tenté l'exercice du roman.
Paru l'année passée aux éditions Au Diable Vauvert, "Artères souterraines" se présente ainsi comme un polar picaresque dont le ton (alliant démence, ultraviolence et humour tordu) ne dépaysera pas les fans du bonhomme.
L'intrigue (un privé miteux se voit chargé par son gouvernement de mettre la main sur le texte original de la Constitution, rédigé avec de l'encre extra-terrestre) n'étant que prétexte pour, à travers une ambiance anar chère à l'auteur, effectuer une radiographie des années Bush.
On pense à Thomas Pynchon ("L'arc-en-ciel de la gravité") ou Chuck Palahniuk ("Fight Club") dans cette volonté de conter l'Histoire des Etats-Unis à travers le prisme d'un comique décalé.
Le hic, on le réalise assez rapidement, étant qu'un excellent scénariste de bédé ne fait pas forcément un bon auteur de roman.
Manque de rigueur ? De talent ? D'inspiration ?
Le fait est que le récit se réduit, après seulement quelques pages, à une accumulation de scènes inégales, sans jamais parvenir à dépasser la somme de ses parties.
Un ensemble par endroits réjouissant (Ellis reste un maître du dialogue). Mais aussi décousu, simpliste et au final un brin ennuyeux.
Handicapé par une absence de finesse et de cohérence qui, si elle peut s'adapter aux codes plus balisés du comic-book (d'autant plus s'il est secondé par un dessin à la hauteur), s'avère, dans le cas présent, bien moins convaincante.
Une tentative en somme un peu vaine, qui n'ajoute rien à la gloire de son auteur et à laquelle il sera permis de préfèrer "No Hero", "Red" ou "Wolfskin", dernières livraisons dans son domaine de prédilection - toutes, bientôt, en ces lieux chroniquées, si le démon de la flemme ne nous attire pas à nouveau dans son antre.
C'est qu'il est sacrément puissant, le salopiot...
http://www.warrenellis.com/
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