"La vie de Scott Pilgrim est géniale. II a vingt-trois ans, il joue dans un
groupe de rock, il est "entre deux boulots", et il sort avec une mignonne petite
lycéenne. Tout est fabuleux jusqu'au moment où une livreuse en rollers nommée
Ramona Flowers, sérieusement atomique et dangereusement trendy, commence à
traverser ses rêves et à le croiser à des fêtes. Mais le chemin qui mène à Mlle
Flowers n'est pas couvert de pétales de roses. Ses sept ex-petits amis
maléfiques barrent la route du véritable bonheur de Scott. Pourra-t-il vaincre
les méchants et gagner le coeur de cette fille sans chambouler intégralement sa
précieuse petite vie ? (résumé éditeur)"
Véritable phénomène éditorial depuis sa parution outre-Atlantique
- avec comme point d’orgue l’adaptation (ratée) d’Edgar Wright pour le cinéma,
le Scott Pilgrim de Bryan Lee O’Malley
n’a, en France, jamais vraiment trouvé son public, en dépit de la caste d’adorateurs
qui en chante les louanges.
Sans doute la faute à la nature hybride d’une œuvre
(on s’en rend compte au résumé qui précède) qui, s’autorisant tout débordement,
a semble-t-il déstabilisé un public peu habitué à tel crossover.
Débutant en effet comme une plaisante comédie
romantique mettant en scène les atermoiements d’ados canadiens aux prises avec
les problématiques de leur âge (amour, famille, patrie, ce genre de choses), le
récit effectue, dès la fin du premier tome, un virage à 360° en s’enfonçant
dans le fantastique pur et dur.
Première surprise d’un ensemble qui, dès lors, alterne sans prévenir (et parfois sans transition aucune) les ruptures de ton, comme si O’Malley avait voulu rassembler tous les genres en un seul.
Et adoptant tour à tour les codes de la bédé U.S.
indépendante, du manga ou même des jeux vidéo, se lire comme la somme d’influences
de son créateur.
Le tour de force est que ce qui aurait pu virer à
l’indigeste gloubi-boulga (écueil non évité par le film) devient, sous l’alerte
plume de l’auteur, un miracle d’équilibre qui en fait le véritable produit de
son époque : quelque chose comme la première bédé à parvenir à capter l’esprit
du XXIème siècle.
Grace à un graphisme faussement simpliste, une
narration à la fois complexe et miraculeusement limpide, des personnages
attachants (et tout sauf manichéens) et un humour oscillant entre le premier et
énième degré lui permettant de, mine de rien, énoncer quelques vérités plus
profondes qu’il n’y paraît mais sans surtout jamais se prendre au sérieux.
Un « feel good comic-book » qu’on lit une
fois et qu’on aime pour toujours.
Scott Pilgrim de Bryan Lee O’Malley (six tomes) – Milady
Graphics
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